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SOUS LE HAUT PATRONAGE DE SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI

LE CSIO DE RABAT ET LE TOUR ROYAL DU MAROC

Un concours de rêve, et pas seulement pour les Suisses!
A Rabat, la jeune équipe d’Andy Kistler a superbement remporté la Coupe des Nations pour la seconde année consécutive et Yannick Jorand, double sans faute, a pris la 3e place du Grand Prix avec Cipetto 2. Pius Schwizer, l’autre double sans-faute, s’était lui classé 1er et 2e dans des épreuves d’encadrement. Seul le Français Emeric George, vainqueur du Grand Prix, s’est mis davantage en évidence. Et Elian Baumann a poursuivi sur sa lancée à El Jadida.
Trois jeunes néophytes sur le « kiss and cry », sautant en même temps que Couleur Rubin R, avant de sauter de joie au moment de la délivrance finale. Pauline Zoller (21 ans le 24 novembre prochain) et Elian Baumann (30 ans) rem-portaient la première Coupe des Nations « élite » de leur carrière, la toute première qui leur était proposée. Quant à Yannick Jorand (27 ans), il n’avait disputé que celle de Calgary, début septembre, et ce n’était pas (forcément) son meilleur souvenir !
Pius Schwizer (56 ans) est un vétéran, mais il était motivé comme un jeune loup et a tout donné pour garder cette Coupe, lui qui était
De la magnifique Kasbah, vue sur la Medina et la ville de Rabat. La Suisse y a gagné la Coupe des Nations pour la 2e année. De g. à dr., Pius Schwizer, Elian Baumann, le chef d’équipe Andy Kistler, le Ministre marocain de la Jeunesse et des Sports Rachid Talbi El Alami, Pauline Zoller et Yannick Jorand: le bonheur !
déjà de l’équipe victorieuse l’an passé, aux côtés de Nadja Peter Steiner, d’Aurélia Loser et Alain Jufer. La première citée et lui étaient du reste déjà de l’aventure lors du tout premier Morocco Royal Tour et ils n’ont plus manqué une édition. Et si Nadja Peter Steiner, qui refait surface après onze mois très durs (disqualifi- cation pour dopage supposé, avant d’être à nouveau autorisée à monter) renouait avec la compétition au Portugal, elle reviendra probablement l’an prochain. Pour les dix ans de ce circuit, fait de trois beaux concours, très soignés et typés (lire jusqu’en p. 10).
ELIAN BAUMANN EN PICK-UP, AVEC SON VAN
Pius Schwizer l’a dit lors de la conférence de presse : « Je me sens chez moi au Maroc et Rabat est un peu ma deuxième maison.» Le Lucernois d’Oensingen/SO était no 1 mondial lors de sa première visite, en 2010, et il a droit à tous les égards, une invitation sup- plémentaire pour son épouse, Florence, ici à titre individuel, et sa propre voiture avec chauffeur et itinéraires spéciaux!
Lors de la conférence de presse, il ne boudait pas son bonheur et n’oubliait pas de souligner qu’Elian Baumann avait longtemps été son écuyer et son élève. Ce jeune gars, bosseur, venu sans groom, avec un pick-up et un petit van, est plein de mérite et il s’est mis  à son compte. Ici, il a eu l’immense surprise de voir débarquer sa famille, sa compagne et ses amis, arrivés le jeudi sans prévenir ! Cette quinzaine de joyeux lurons équipée de drapeaux a mis le feu. Trop sympa!
LES JEUNES ONT DE LA CHANCE
A la droite d’Andy Kistler, sur les fauteuils cossus du Salon VIP, les deux Romands. « Je suis le trait d’union entre les Romands et les Alémaniques », a lancé le chef de l’équipe de Suisse à la presse. C’est surtout un homme d’ouverture, généreux et désireux de lan- cer les jeunes.
Et comme Aurélia Loser et Alain Jufer avaient déclaré forfait dix jours avant la tournée, le chef avait proposé à Pauline Zoller et à Yannick Jorand de les remplacer. Pour la première, c’était l’occa- sion de sauter tout de suite dans le grand bain, un mois après avoir brillamment gagné – à trois ! – la première Finale des Nations des
« moins de 21 ans » à Opglabbeek. Pour le second, l’occasion rêvée d’effacer l’échec de Calgary et de reprendre confiance, sur de bons 4*. Mission plus qu’accomplie !
Pauline, qui est en deuxième année de droit, a pu « sécher» les cours trois semaines (« Je bosse ici les jours de congé ou le matin, on se débrouille.»). Elle était aidée par sa maman, Paulette, fidèle au poste, exceptionnellement par un groom et par Daniel Etter, son coach, venu tout exprès à Tétouan, puis à Rabat. Comme un poisson dans l’eau dans le rôle de coach, le Bernois, toujours en- joué, a aussi donné un coup de main à Yannick Jorand et à Elian Baumann. Une future carrière en vue?
Daniel Etter avait décidé de ménager Barbarella en vue de la Coupe
Yannick Jorand a brillé au CSIO de Rabat, signant avec Cipetto II quatre sans- faute consécutifs, synonymes de 3e place dans le Grand Prix et de victoire dans la Coupe des Nations. Et le Genevois était 5e d’une rankings avec Dominka.
Daniel Etter fut un coach très apprécié pour Pauline Zoller, mais aussi pour les autres jeunes Helvètes et notamment pour Elian Baumann, bril- lant lors de toute cette tournée marocaine.
des Nations de Rabat et de faire ainsi l’impasse sur les deux GP  de Tétouan et de Rabat. Il avait aussi pris le temps de visiter des souks de la Medina de Tétouan avec Pauline. A Rabat, Pauline était grippée et elle a fêté la victoire de la Coupe à l’eau (plus une bière !)
UN TRAVAIL D’ÉQUIPE !
Yannick Jorand est suivi depuis plus de cinq ans par Niall Talbot, mais comme celui-ci n’était pas là, la présence de Daniel Etter lui était fort utile. Corinne, sa maman et supportrice no 1, était là, bien sûr, tout comme son pote, et un brin sponsor, Mathieu Huguenin, de Epicurie Events. Et en plus de son fidèle groom, Jean-Gabriel Bouvard, le Genevois pouvait compter sur l’aide, aussi importante que discrète, de sa sœur Mélodie, qui est aussi une sorte de coach, même si elle s’en défend. Elle lui avait donné le goût de l’équitation lorsqu’elle était à Toulouse, monta un temps Kiss me en concours et reste proche de lui. Un travail d’équipe!
Pour ne pas abandonner sa fiduciaire, Yannick Jorand a fait des sauts de puce de deux jours à Genève. Et même pour ceux qui res- taient au Maroc, ce n’était pas des vacances et du tourisme. « Avec trois chevaux à travailler, 1’600 km et le bateau pour arriver à Té- touan, 450 km ensuite pour venir à Rabat et 200 encore pour El Jadida avant le retour, les inspections vétos le mercredi, on a tout au plus une demi-journée de libre pour visiter Rabat ou aller à la mer », résumait Beat Grandjean, le cinquième homme de l’équipe.
BEAT GRANDJEAN IMPRESSIONNÉ
Beat Grandjean était venu ici voici sept ans et il était impressionné des améliorations faites depuis. « L’année où j’étais venu, c’était
encore un beau terrain en herbe, à Rabat comme à Tétouan, mais il avait beaucoup plu et, ni une ni deux, l’année suivante, tout était en sable! Beaucoup de détails ont encore été soignés, ça donne envie de revenir! » Encore un appétit de jeune homme, le Fribourgeois de 60 ans, très actif et positif lors de la Coupe.
On pensait qu’il serait difficile pour la Suisse de garder cette Coupe, car la France et la Belgique alignaient des quatuors très homogènes et plus confirmés. Pour Pauline Zoller (4+12 avec Barbarella) et Elian Baumann (4+0 avec Campari Z), on l’a dit, c’était une grande pre- mière, mais tout s’est déroulé favorablement.
YANNICK JORAND SORT LE GRAND JEU Dans le rôle de l’ouvreur, Yannick Jorand (0+0 avec Cipetto 2), a im- pressionné. Porté par la confiance d’Andy Kistler et les bons conseils de Daniel Etter, le Genevois a signé deux manches impeccables, sans la moindre fébrilité, avec son bon holsteiner bai de 10 ans. Seuls cinq cavaliers n’ont encouru aucune pénalité ce jour-là. A noter que pour un double sans-faute une surprime de 3’000 euros était ajoutée aux gains (6’100 euros pour chaque vainqueur), une bonne initiative. Et 115 pts de bonus aux rankings !
Pius Schwizer (0+0 avec Couleur Rubin R) a parachevé l’œuvre en tournant sans faute aussi, malgré la pression, qui ne lui fait plus peur depuis longtemps. Il fallait ça pour éviter un barrage avec les Fran- çais de Philippe Guerdat (Pierre-Alain Mortier, double sans faute, Emeric George, Nicolas Deseuze et Olivier Perreau), 2es ex æquo avec les Belges de Peter Weinberg, emmenés par Jérôme Guéry.
L’Italie était 4e malgré l’élimination (encore !) d’Emanuele Gaudiano, mais à distance, la Grande-Bretagne 5e, le Maroc 6e (sans Abdelkebir LE MICRO À… PAULINE ZOLLER
« Quel bonheur ! J’ai une monstre grippe depuis 48 heures, mais là, j’oublie tout, c’est trop génial de gagner la Coupe des Nations! Chez les jeunes cavaliers, aux Européens ou à la Finale d’Op- glabbeek, il y avait encore plus de pression, car je partais en no 1 ou en 4, mais cette fois le parcours était plus haut et plus technique. Ici, je suis un peu le bébé de l’équipe, comme m’appelle gentiment Natale Chiaudani (rires !), tout le monde est si chouette, je vou- lais prouver que je méritais ma place et j’étais un peu stressée au premier tour, mais contente du résultat (4 pts). En seconde manche, la jument était un peu plus fatiguée et j’ai fait des petites erreurs par-ci par-là et, à ce niveau-là, ça ne pardonne pas. La route est longue, mais on n’est pas si loin! Il nous reste encore du travail, mais je suis très contente de la jument, qui n’avait jamais sauté ça. Des opportunités comme ça, ça ne se refuse pas, on a dû sauter dans le wagon au dernier moment, mais avec l’aide d’Andy Kistler, de ma maman et de Daniel (Etter), on s’en est sorti. Tout le monde est si gentil ici.»
Pauline Zoller a rempli son rôle dans la Coupe des Nations de Rabat, même si la seconde manche de Barbarella fut un peu moins convaincante.
8  Au CSIO 4* de Rabat, le Français Emeric George a notamment remporté le Grand Prix avec Mozart des Hayettes. Pius Schwizer a gagné avec le KWPN Grand Cooper. Elian Baumann a brillé avec Campari Z, ensuite 1er à El Jadida.
Ouaddar, 1er du GP 1* avec Brooklyn de Hus), l’Arabie Saoudite 7e et les Pays-Bas 8es (à deux, son 3e homme étant éliminé sur le no 1 !).
UN BEAU TRIO DE TÊTE
Yannick Jorand avait déjà été le meilleur Helvète dans le Grand Prix de Feu la Princesse Lalla Amina, en signant un double sans-faute, synonyme de 3e rang. Le Genevois et son bon Cipetto 2 n’avaient été battus que par le sympathique Français Emeric George (29 ans), l’ex- consultant d’Equidia, et Chopin des Hayettes, un frère de l’étalon Mo- zart des Hayettes, époustouflants au premier tour déjà et 1ers, l’élégant Belge Jérôme Guéry et Celvin, un zeste moins rapides, 2es. La 3e place avait donc une grosse valeur (lire interview ci-contre).
Malgré une faute au premier tour, sur un tracé long et technique d’Uliano Vezzani (16 efforts), Pius Schwizer avait pris la 4e place, grâce à un second tour (8 efforts) très rapide avec Balou Rubin R. Le vainqueur du GP de La Baule 2017, le Brésilien Pedro Junqueira Muylaert, était 5e. Bonne 9e place d’Elian Baumann avec Campari Z (0 + 8). Pauline Zoller, qui ménageait sa grise Barbarella en vue de la Coupe, a fait quatre barres avec Cinderella. 8 pts pour Beat Grandjean sur Remix, 12 pts pour Florence Schwizer-Seydoux sur Delphi.
PIUS SCHWIZER TRÈS COMBATIF
Inarrêtable pour son premier Morocco Royal Tour, Emeric George a remporté une grosse épreuve à Tétouan et les deux plus belles épreuves individuelles à Rabat. S’il n’avait pas fait une faute sur l’eau dans la Coupe – en négligeant un peu trop la rivière – on par- lerait de sans-faute absolu ! Le Français a ainsi gagné la rankings
du samedi, une 145 cm avec Tour des vainqueurs. Montant Rocker d’Ysieux, il a fait une démonstration époustouflante au barrage pour battre d’une bonne seconde Pius Schwizer, 2e avec Cortney Cox.
Bon comportement des Suisses dans cette épreuve en nocturne avec encore Beat Grandjean 7e sur Denzel Quantum Leap et Elian Baumann 8e avec Erinette V. 1 pt de temps pour Pauline Zoller sur Cinderella. Pius Schwizer était sans doute galvanisé après sa victoire dans la 140 avec Grand Cooper.
On ajoutera que le dimanche, avant la Coupe, Yannick Jorand était 5e d’une 145 cm avec barrage comptant pour les rankings avec Domin- ka, double sans faute. Beat Grandjean avait auparavant été classé 4e sur 145 cm avec Denzel, 8e et 11e avec Taliska, Jennifer Hochstadter 5e et 11e sur 130 cm dans le CSI 1* avec Tino de Nouvolieu. Aucun Hel- vète n’aura regretté son voyage, même si près de 2’000 km nous sé- parent de cet endroit si hospitalier.
Alban Poudret
CSIO DE RABAT ET LA TOURNÉE DU MAROC : RAFFINEMENT ET ART DE VIVRE Rabat, c’est le CSIO du Maroc et donc l’étape la plus importante de ce circuit sur le plan sportif, mais chaque concours a sa typicité et son attrait. Tétouan, concours disputé au cœur de la ville, dans les jar- dins des Ecuries de la Garde royale, a un public incroyable, aussi démonstratif que nombreux, et El Jadida, qui se déroule en indoor, bénéficie de l’apport de son Salon du Cheval et d’une grosse promotion (on ne voyait que ses affiches sur les bornes des péages et les panneaux lumineux de l’autoroute reliant Casablanca à Rabat!). A Rabat, ou plus précisément à Dar es Salam, dans le grand et somptueux parc équestre de la Fédération royale des sports équestres, qui jouxte le golf, des bois et, plus loin, des ambassades, l’ambiance est plus feutrée. C’est comme si la population locale pensait le concours réservé aux « happy few ». Ce n’est pourtant pas (plus ?) la volonté des organisateurs, comme nous le confirmaient Nabilah et Tissi, les deux souriantes responsables de la communica- tion : « Nous voulons attirer plus de public, des familles et c’est pourquoi il y a des navettes gratuites depuis le centre ville, des animations et un petit parc de jeux ou des tours à poney pour les enfants.» La pluie a hélas retenu le traditionnel public du dimanche.
Les installations sont somptueuses, que ce soient les écuries de la Fédération, celles du club voisin, qui abrite aussi des NOVEMBRE 2018 · INTERNATIONAL · 9 YANNICK JORAND « ON A FRANCHI UN NOUVEAU CAP »
• Yannick, quel week-end de rêve, com- mençons par cette belle 3e place dans le Grand Prix, ça représente beaucoup?
• C’est mon plus beau résultat de la saison et
même le plus beau de tous et un bon coup de « boost» après la baffe reçue dans la Coupe des Nations de Calgary, la preuve qu’une contre-performance peut aussi avoir un effet positif. Cipetto a sauté si bien. Je ne m’explique toujours pas ce qui s’était passé au Canada, les barres ont commencé à tomber à mi-parcours, mais  la réaction a en tout cas eu lieu ici ! Je ne voulais pas prendre tous les risques au barrage, à 48 heures de la Coupe des Nations, je ne vou- lais pas trop le chauffer pour le mettre à plat dimanche, et les deux autres étaient de toute manière trop rapides.
• Calgary, du coup, c’est un mauvais sou- venir ou pas?
• Non, c’est un beau souvenir, même si   ça ne s’est pas passé comme je l’aurais souhaité, mais c’était une expérience magnifique. Et ça permet de progresser, d’engranger de l’expérience. Cipetto est très en forme et plus motivé que jamais. Cette tournée du Maroc, qui n’était pas prévue, a permis de digérer tout ça et de franchir un nouveau cap.
• Venons-en à la Coupe…
• Cette victoire d’équipe est extraordinaire, c’est une joie incomparable. Ce sont les épreuves les plus importantes et les plus belles que l’on puisse monter. Depuis que j’ai quitté les jeunes cavaliers, c’étaitun de mes rêves de pouvoir représenter la Suisse dans une Coupe, ça me pousse a donner le meilleur de moi pour mes coé- quipiers. D’avoir pu sortir deux sans-faute nous donne une grande confiance. Cipetto était très chaud au premier tour, mais il n’en était que meilleur. Je le laisse au repos à El Jadida, où la piste est assez petite et bruyante, ça ne serait pas idéal pour lui. J’ai Dominka pour le Grand Prix, il a bien sauté ici (5e d’une rankings, ndlr), ça lui permet de s’aguerrir. Je préfère préparer Genève sur une grande piste et je viens de recevoir la confirmation d’Andy (Kistler) que je suis invité au CSI 4* de Rouen, mi-novembre. J’étais sur la liste d’attente, mais les bons résultats de Rabat ont donné le coup de pouce supplémentaire. Je vais bien grim- per aux rankings, ce n’est que du positif ici!
• Vous attendiez-vous à voir d’aussi beaux concours?
• Oui, j’en avais entendu parler, mais ces trois concours sont vraiment magnifiques, les infrastructures sont top, l’organisation est excellente, tout roule. Et les parcours de Vezzani sont très bien mis, à la fois fluides et techniques, ça a l’air facile, mais il n’y a pas trop de sans-faute.
Propos recueillis par Alban Poudret
infrastructures pour les apprentis-écuyers et grooms de tout le pays ou encore les immenses tentes provisoires qui abritent les quelque 260 chevaux du CSIO 4* et du CSI 1*. Peu de CSI proposent des écuries aussi spacieuses. Il y a aussi de beaux bâtiments en dur pour les bureaux de la Fédération, présidée par le Prince Cherif Moulay Abdallah Alaoui et soutenue par son cousin, le Roi Mohammed VI, pro- priétaire de plusieurs cracks d’Abdelkedir Ouaddar et d’autres Marocains, ainsi qu’un restaurant permanent. Certaines infrastructures ont cinquante ans, mais tout est rénové en permanence.
La piste en sable de 108 x 68 m. est impec- cable (on sent la patte de Toubin & Clément, qui a fait les trois concours), le paddock d’entraînement et le reste également. Les parcours sont confiés à un des meilleurs chefs de piste, l’italien Uliano Vezzani. Tout est soigné, les obstacles (signés Caro pour la plupart), la décoration florale, comme les tentes qui bordent la piste, où canapés et fauteuils attendent cavaliers et invités. On y boit le thé et mange de petits gâteaux.
Toujours ce légendaire sens de l’accueil des Marocains… Ce concours ne sent pas le business, il n’y a pas d’obstacles sponsorisés (hormis un aux couleurs d’Hermès), les panneaux sont discrets. Il y a des tentes VIP, mais pour tous les cavaliers, pas pour ceux qui payent comme (trop) souvent. Le sens de l’accueil prime ! Ce CSIO fait penser aux concours d’un autre temps, tout est fait
avec raffinement, l’amour du beau, tout en étant doté d’une infrastructure moderne.
Ce circuit a grimpé de 3* à 4* cette année (700’000 euros de dotation pour les trois CSI) et, avec Badre Fakir aux manettes, on peut encore imaginer des surprises l’automne prochain, pour le 10e anniversaire.      A. P.
LES DEUX AUTRES ÉTAPES DU MOROCCO ROYAL TOUR
Un marocain à tétouan, un rozier à el jadida
remière des trois étapes, le CSI 4* de Tétouan accueillait, comme le veut la tradition, les cavaliers à leur arrivée sur le continent africain, cette jolie ville balnéaire des bords de la Méditerranée faisant face à Gibraltar et à Marbella, en Espagne, d’où camions et chevaux traversent la mer en bateau.   Le plateau était déjà aussi relevé qu’à Rabat, mais cela n’a pas em- pêché la victoire d’un Marocain. Et si ce n’est Abdelkebir Ouad-    dar qui triomphe, alors c’est Ghali Boukaa! Le Marocain disputait   là son… deuxième Grand Prix 4* après Bourg-en-Bresse et il a triomphé.
Quand Remix, le cheval de Beat Grandjean a fait une faute au bar- rage, ce fut l’effervescence et l’attroupement autour de Ghali Bou- kaa, ému aux larmes. Ses fans le portèrent en triomphe. Et le public d’entonner l’hymne marocain à la remise des prix.
« Ce public m’a porté. C’est extraordinaire de gagner au Maroc.  Je suis plus qu’heureux et je remercie Sa Majesté le Roi Moham- med VI qui soutient tant l’équitation, Charif Moulay Abdellah Alaoui et la Fédération royale marocaine des sports équestres ainsi que notre entraîneur national, Marcel Delestre (le père de Simon, ndlr). C’était un parcours très difficile », confiait le héros du jour.
Au CSI 4* de Tétouan, le Marocain Ghali Boukaa a fêté son premier succès dans un Grand Prix 4* avec le SF Ugolino du Clos, conduit par le fameux Pedro.
A El Jadida, Philippe Rozier a gagné le GP avec Cristallo A LM.
Le fameux chef de piste italien Uliano Vezzani avait proposé de vraies difficultés et quelques sauts à 160 cm et sur 44 cavaliers au départ, seuls huit étaient sans faute avec, au bout du compte, trois doubles sans-faute. Le champion du Maroc 2018 a tout de même dû prendre des risques avec Ugolino du Clos, un 10 ans par L’Arc de Triomphe, pour devancer les deux Anglaises Alison Barton (Roma IV) et Jessica Mendoza (Sam de Bacon). Le Français de Divonne Nicolas Deseuzes était bon 4e. Le Belge Dominique Hendrickx, 5e, l’Espa- gnol Alberto Marquez, 6e, Marco Kutscher, 7e, et le Brésilien Pedro Junqueira Muylaert, 8e, se seraient aussi imposés sans leur faute.
Beat Grandjean se classait 11e avec Remix. Le Fribourgeois était déjà au classement de la rankings du vendredi, 6e du petit GP, et surtout excellent 8e de la 150 cm du samedi. Avec 4 pts à l’initial, Yannick Jorand était encore 12e avec Cipetto 2, déjà classé 7e et 15e. Deux fautes pour Elian Baumann, 10e de la grosse du samedi et 7e d’une 140, 9 pts pour Florence Schwizer-Seydoux, 16 pour Pius Schwizer, 1er et 2e de la grosse épreuve du vendredi avec Balou Rubin R et Grand Cooper, 2e du petit GP remporté par Emeric George.
La tournée se terminait un peu plus au sud, à El Jadida, où un grand Salon du cheval, des attractions et une Fantasia réunissant divers groupes du pays sont aussi proposés au public. Gaëlle Kursner-Georgy vous avait présenté cet événement lors de sa visite ici, voici deux ans (voir le CR du mois de novembre 2016). La piste indoor de ce CSI 4* et ses tribunes, bien garnies, ont encore été embellies depuis.
ELIAN BAUMANN GAGNE UNE ÉTOILE
Il y avait deux grosses épreuves au programme. Le samedi, le Tour des vainqueurs a souri à Elian Baumann! Montant Campari Z, le Suisse de 30 ans a réussi le seul double sans-faute, en signant de plus le meilleur chrono. « J’avais une sacrée pression en passant à la fin. Mon cheval a beaucoup d’énergie, j’ai donc pu le laisser avancer. J’ai décidé de tout tenter en seconde manche. Mon cheval est très rapide, j’ai juste pris l’intérieur des courbes. Sur le dernier, je me suis dit « allez, on y va !» et j’ai tout donné pour chercher la victoire. » Comme le précise Andy Kistler, Elian Baumann n’avait jamais empoché pareille somme (12’500 euros) et cela aidera ce jeune indépendant auquel nous avions consacré une interview dans Le Cavalier Romand d’août, après son premier succès en 4*, à Crans. Beat Grandjean était 5e avec Remix (une faute), Pius Schwizer, l’ex- patron d’Elian, 10e avec Cortney Cox (deux barres), 7e la veille.
Elian Baumann était déjà 7e d’une 140 avec Looping CH, 9ed’une 140 et 11e d’une rankings avec Erinette V, Pius Schwizer 6e avec le gris Grand Cooper.
Le dimanche, le Grand Prix est revenu à Philippe Rozier, ravi de sa première victoire en 4* avec Cristallo A LM, l’ex-crack de Julien Epaillard. Le champion olympique par équipe renoue enfin avec le succès, après une période de disette. Il fut pendant de nombreuses années l’entraîneur-sélectionneur de l’équipe du Maroc (Mondiaux 2014, etc.) et il aide encore certains Marocains. « Sentimentalement, c’est une victoire importante pour moi. Cristallo est un petit cheval formidable, il a énormément de cœur et fait tout pour vous faire plaisir. J’ai eu une chance incroyable que la Laiterie de Montaigu me fasse confiance et me le confie. J’ai hâte que Rahotep revienne en compétition avec lui au début de l’année prochaine ! », expliquait le Français.
Avec 1 pt chacun au premier tour, Roberto Arioldi (Dundee) et Simon Delestre (Ulane Belmanière) étaient respectivement 2e et 3e. Avec une barre, le Hollandais Henk van de Pol était 4e, le Brésilien Pedro Junqueira Muylaert 5e, Pius Schwizer 6e avec Couleur Rubin R. Elian Baumann et Campari Z, les héros de la veille étaient 11es et… 1ers non qualifiés pour le Tour des Vainqueurs : dommage!    A. P.