
Le Grand Prix de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI revient au jeune Irlandais Tim Brennan
Ils étaient quarante-et-un à s’élancer cet après-midi sur la piste indoor d’El Jadida pour disputer le Grand Prix CSI4*-W de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ultime rendez-vous de cette tournée 2025. C’est à l’Irlandais Tim Brennan qu’est revenu l’honneur de remporter cette prestigieuse épreuve sous les yeux de S.A.R. le Prince Héritier Moulay El Hassan, qui, comme le public, a dû vivre une vive émotion en suivant l’extraordinaire remontée de son sujet, El Ghali Boukaa de la onzième à la deuxième place.
Mais,Comme toujours avec le chef de piste belge Louis Konickx, le parcours du Grand Prix offrait un savant équilibre entre technicité et fluidité, mais ô combien difficile : douze obstacles et quinze efforts au total. Dès la première ligne, le ton était donné : le vertical d’entrée, suivi en arc de cercle du premier oxer, affichaient tous deux déjà des cotes respectables. Les barres étaient légères, et il ne fallait pas effleurer la palanque nᵒ 4, ainsi que d’autres obstacles, comme le vertical nᵒ 10, qui était très fautif. Les fautes se sont bien réparties sur l’ensemble du parcours, signe de la qualité et de la difficulté du tracé : chaque cheval y a trouvé son propre problème — sauf, bien sûr, les cinq sans-faute de cette première manche ! « J’ai trouvé le parcours très difficile, dira le vainqueur, presque de niveau 5*, juste un peu plus petit. C’était vraiment sélectif. »
Il aura fallu attendre le passage du neuvième partant, l’Italien Roberto Previtali et I’m Special Mess PS, pour enregistrer le premier sans-faute. Il allait vite être rejoint par la jeune Portugaise Molly Hughes Bravo (23 ans), chez qui le talent est visiblement une affaire de famille. Fille des cavaliers internationaux, le Portugais Miguel Bravo et l’Irlandaise Marion Hughes, elle travaille aujourd’hui avec ses parents et ses deux sœurs au sein de Hughes Horse Stud. Ce dernier est un élevage et centre de formation dont sont issus plusieurs chevaux de Grand Prix comme HHS Tokyo l’a prouvé aujourd’hui. Trois autres couples allaient les imiter, celui qui avait représenté l’Égypte aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, Mouda Zeyada, le finaliste saoudien de la dernière Coupe du monde, Khaled Almobty, et enfin le jeune Irlandais Tim Brennan (19 ans).
Les onze meilleurs — les sans-faute, mais également les six cavaliers à 4 points les plus rapides — se sont ensuite retrouvés pour une seconde manche réduite à huit obstacles (neuf efforts), sur un tempo plus soutenu comme il se doit dans un barrage, même s’il s’agit d’une seconde manche au chronmètre dont il est question ici. Suspense total où les 4 points peuvent tout gagner et les sans-faute tout perdre. Comme le Marocain El Ghali Boukaa, par exemple, qui d’entrée de jeu mettait la pression sur tous ses adversaires en plaçant un sans-faute rapide, un temps éclair de 42″79, en selle sur A Kyss. Le cavalier olympien, dernier des qualifiés, remontait ainsi de la onzième à la deuxième place, doublant non seulement tous les autres 4 points, mais également quatre des cinq sans-faute.
Tim Brennan, quant à lui, a choisi la prudence en visant le sans-faute, ce qui n’est pas évident dans un tel contexte avec ces barres si volatiles, où la précision et le sang-froid étaient de rigueur. « J’ai eu la chance d’être le dernier à partir. Ma jument est naturellement rapide, mais aujourd’hui, tout ce que je devais faire, c’était deux parcours sans faute. J’ai voulu assurer un peu trop, j’ai pris des virages un peu larges et j’ai terminé avec trois points de temps, ce qui ne m’était jamais arrivé avec elle ! Heureusement, elle a sauté de façon incroyable dans les deux manches. Elle a tout donné, vraiment. » Mais il s’en est fallu de trente-trois centièmes pour que l’Irlandais n’écope pas d’un quatrième point de temps dépassé qui l’aurait plongé à la septième place.
Un aplomb admirable pour cet âge, pour son premier Grand Prix 4* qui plus est. Mais Timmy a cet avantage de bien connaître sa jument : « J’ai acheté Maradona alors qu’elle avait 5 ans, à Fanny Walsh, chez Sean Monaghan où je faisais un stage. Grâce à eux, j’ai eu la chance de la monter très tôt. Nous avons remporté l’or par équipe aux Championnats d’Europe Juniors quand elle avait 8 ans, puis cette année, nous avons décroché l’argent. Elle a aussi gagné deux Grands Prix 2* en Floride en début de saison. Mais, cette victoire, ici, c’est la plus belle. En cinq ans, Maradona m’a littéralement fait passer de zéro à héros. Elle ne me doit plus rien. C’est encore un résultat incroyable de sa part, qui dépasse tous les autres. Gagner ici, dans mon premier Grand Prix 4*, c’est un rêve devenu réalité. Je n’arrive pas à y croire. » Le premier Grand Prix, mais assurément pas le dernier.
Quant à l’autre héros du jour, El Ghali Boukaa, il manifestait tout autant de joie que le jeune Irlandais : « Dernier qualifié pour quelques centièmes (24 exactement), puis terminer deuxième avec mes 4 points de la première manche, c’est un scénario auquel je ne pouvais pas m’attendre. En rentrant sur la piste, le plan était de boucler tranquillement cette seconde manche sans-faute et de viser une cinquième ou sixième place. Et puis, quand j’ai entendu la cloche de départ, j’ai changé mon plan et j’ai tout à coup décidé d’aller vite, advienne que pourra. Terminer second dans ces conditions, cela a la valeur d’une victoire. Je suis très content de mon cheval, il a sauté de manière incroyable aujourd’hui. C’était un parcours très technique, vraiment digne d’un Grand Prix de ce niveau. Courir ici, devant le Prince Héritier et le public marocain, c’est toujours un moment émouvant. »
Hicham Er-Radi offre la dernière victoire au Maroc
et au président de la FRMSE, le Prince Moulay Abdallah Alaoui
Au contraire du Grand Prix 4*, le Grand Prix Province 1* s’est joué au barrage où ils étaient trois : deux Marocains et un Français. Auteur d’un sans-faute visiblement rapide avec Chica de Bourguignon Z, le Français Florent Jeannin semblait bien parti pour cette victoire. Hicham Er-Radi lui a vite montré le contraire avec un parcours sans pratiquement reprendre une seule fois : toutes les foulées étaient les bonnes et le Marocain avec sa fille de Quickly de Kreisker, Ceika Malouine, a défait le Français avec une marge relativement confortable de 88 centièmes.
Hicham est un élève d’Abdelkebir Ouddar, son mentor qu’il rejoindra en France pour travailler avec Marcel Rozier : une alchimie gagnante : « J’ai commencé à travailler pour le Prince Moulay Abdallah Alaoui, quand j’avais 14 ans, et j’étais déjà avec Kébir. C’est lui qui m’a appris beaucoup de choses, notamment pour les barrages. C’est pour ça que j’ai gagné aujourd’hui : j’ai gagné à la Kébir ! Oui, j’ai appris avec Kébir et je monte une jument avec qui il avait été champion du Maroc et qui est une fille de son grand étalon. Elle a exactement le même caractère, la même énergie. J’essaie toujours de garder cette tranquillité et cette sérénité entre nous. »
Une belle note finale pour cette édition anniversaire du Morocco Royal Tour, marquée par trois semaines de sport de haut niveau, de partage et de passion équestre sur les plus belles pistes du Royaume.