
De Ramzy à Abdulrahman : Rabat en vert !
À Rabat, le sacre individuel est décerné le vendredi : le Grand Prix SAR la Princesse Lalla Amina a livré son verdict – un Saoudien en chasse un autre. C’est Abdulrahman Alrajhi qui succède à Ramzy Al Duhami au terme d’une épreuve passionnante, très agréable à regarder, comme c’est souvent, et même toujours, le cas avec les tracés d’Uliano Vezzani.
Les treize obstacles, dont un double et un triple, de la première manche ont procédé à un premier écrémage : sept cavaliers sans-faute ont décroché leur ticket pour la seconde manche, auxquels se sont ajoutés l’Ukrainienne Anastasia Bondarieva avec deux points de temps dépassé sur Fedor V H Moeshof et les trois concurrents les plus rapides à quatre points. Au total : trois Saoudiens, deux Français, un Suisse, une Irlandaise, un Italien, un Britannique, un Marocain et l’Ukrainienne. Une belle diversité internationale.
Le parcours réduit à sept obstacles, dont un double, avait plutôt la physionomie d’un barrage. Ce dont on s’est rendu compte à la manière dont le premier sans-faute à partir, Abdullah Alsharbatly, a mené Alamo sur son parcours ! La course était lancée, et son compatriote Abdulrahman Alrajhi a aussitôt relevé le défi avec l’expérimenté fils du champion du monde Baloubet du Rouet, Heartbeat W, améliorant de 58 centièmes le chrono de référence. Puis, El Ghali Boukaa s’est mêlé à cette course avec sa fabuleuse A Kyss, qui était plus rapide, mais une faute sur le dernier obstacle les a privés de la victoire. Édouard Schmitz, le finaliste de la dernière Coupe du monde, s’offre la troisième marche du podium avec Quno.
Aujourd’hui, c’était le jour d’Abdulrahman Alrajhi : « Quand j’ai vu le parcours d’Abdullah, je me suis dit : c’est impossible. Heartbeat W est un cheval incroyable mais il n’est pas très rapide, surtout dans les virages serrés, et ce n’est pas le plus facile à diriger. Mais il a tout le reste, et c’est ce qui me simplifie la vie. J’essaie d’utiliser les qualités qu’il a réellement et d’éviter de lui demander ce qu’il n’a pas : en l’occurrence, la maniabilité. Sans doute que la grande piste de Rabat lui convenait. »
C’est la première victoire en Grand Prix pour Alrajhi avec Heartbeat W, qui appartenait auparavant à une cavalière anglaise : « Ce qui rend l’histoire encore plus belle, c’est que je l’ai acheté ici même, il y a un an, presque par hasard. En discutant avec son ancienne cavalière, Liz Bates, j’ai entendu qu’elle souhaitait le vendre : j’avais l’oreille qui traînait, j’étais au bon endroit au bon moment… et un an plus tard, nous remportons ensemble notre premier Grand Prix. »
À 30 ans, Abdulrahman Alrajhi ne cachait pas son bonheur dans un entretien tout sourire : « Je suis extrêmement fier de lui et reconnaissant envers toute mon équipe. On me voit une minute trente en piste, mais derrière, ce sont les soigneurs, vétérinaires, grooms, palefreniers, managers et partenaires qui rendent cela possible. Ce succès est aussi le leur. »
Troisième de ce Grand Prix, le Suisse Edouard Schmitz n’avait pas initialement prévu de sortir Quno. Une intuition l’a fait changer d’avis, et il ne l’a pas regretté : « Aujourd’hui, nous avons eu un beau Grand Prix et je suis très content de mon cheval. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas sauté à ce niveau, et il a vraiment répondu présent. La prochaine fois, j’espère que ce sera aussi le cavalier qui répondra présent ! (sourire). C’est frustrant de ne pas terminer le travail quand les chevaux sont aussi en forme, mais je suis très heureux de lui. Mes deux autres chevaux se comportent également très bien et réalisent une excellente tournée. Initialement, j’avais prévu de préserver Quno jusqu’à El Jadida. Cependant, j’avais tellement de bonnes sensations au travail que je me suis dit que ce serait dommage de ne pas l’engager ici alors qu’il est en pleine forme. »
Le jeune Genevois de 26 ans découvre le Morocco Royal Tour pour la première fois et ce ne sera sans doute pas la dernière : « J’avais entendu dire que c’était un très beau circuit, mais je suis encore agréablement surpris par rapport à mes attentes. Les deux concours que j’ai vécus jusqu’ici se déroulent dans de magnifiques cadres, avec un public enthousiaste : on est vraiment dans les meilleures conditions pour pratiquer notre sport et y prendre du plaisir. »
Un matin à Rabat : deux victoires marocaines
Après le quadruplé français hier en ouverture du CSI1*, c’était au tour des Marocains ce matin de signer un triomphe identique : 4/5 ! Avec une marge confortable d’1’’14, Mohammed Azoum, en selle sur son Hanovrien de 11 ans Numax, s’impose dans le Prix SNRT, devant son compatriote Badr Khiati (Iggy Pop d’Asschaut, un Selle Français de 7 ans).
Dans le top 10, on retrouvait également des piliers de l’équipe marocaine comme Abdeslam Bennani Smires et Abdelkebir Ouaddar, qui étaient là pour préparer l’avenir avec leurs chevaux de 7 ans, le Belge Sabatini Van’t Klavertje Vier et l’Oldenbourg Balou’s Son, tous deux prometteurs en ce début de carrière internationale.
La deuxième victoire marocaine est venue dans l’épreuve 4* précédant le Grand Prix, grâce à Farid Amanzar et Elvis Van Overis Z – son propre cheval de 16 ans – avec, là encore, une marge confortable : « Je suis très heureux de cette victoire, surtout avec ce cheval-là, se réjouissait le cavalier de 45 ans, habitué aux succès. Elvis est un hongre que j’ai récupéré alors qu’on le disait condamné pour le sport. Aujourd’hui, il prouve qu’il a encore toutes ses qualités. Je le classe régulièrement dans les internationaux – que ce soit au Sunshine Tour, au Global ou encore sur le MRT. Cette victoire me fait vraiment plaisir, à titre personnel et aussi pour mon pays. D’autant plus qu’il y avait derrière moi de grands cavaliers qui n’ont rien lâché et sont allés “à fond à la caisse”, comme on dit. Mon cheval m’a tout donné et nous avons réussi à gagner avec deux secondes d’avance (1’’54 pour être précis). Je suis fier de lui et de toute mon équipe. »
Elvis Van Overis Z s’est montré tellement à l’aise qu’on peut se demander s’il ne serait pas tout aussi performant sur des parcours plus grands : « C’est un véritable cheval passe-partout. C’est un cheval de vitesse, mais aussi capable de sauter les grosses épreuves. Pendant le MRT, je préfère le garder sur 1,40 m pour le préparer en vue du Global dans deux semaines, car l’objectif sera de faire flotter à nouveau le drapeau de mon pays, Inch’Allah. »
Le Marocain devance l’Italien Massimo Grossato, longtemps en tête avec Legend.
Et pour la Coupe des Nations de dimanche, mauvaise nouvelle pour les autres équipes : l’Arabie Saoudite est encore en pleine forme avec trois cavaliers dans le Top 10. En attendant, rendez-vous dès demain pour une troisième journée de sport de haut niveau, dont le point culminant sera le Winning Round à 1,50 m, toujours très attendu.
Grand Prix SAR la Princesse Lalla Amina –
CSIO4*-W Deux manches – 1.55m –
1) Abdulrahman Alrajhi, KSA – Heartbeat W 0-0/41.02, 2) Abdullah Alsharbatly, KSA – Alamo 0-0/41.60, 3) Edouard Schmitz, SUI – Quno 0-0/42.42, 4) Susan Fitzpatrick, IRL – Lovely Stassi PS 0-0/44.35, 5) Guillaume Batillat, FRA – Quistria du Bois 0-0/46.81,
PRIX SNRT
CSI1* – Barème A au chrono – (1.25m)
1) Mohammed Azoum, MAR – Numax 0/52.89, 2) Badr Khiati, MAR – Iggy Pop d’Asschaut 0/54.03, 3) Ezzoubeir Errhaimini, MAR – Brindille de Lairaud 0/55.95, 4) Abdeslam Bennani Smires, MAR – Sabatini Van’T Klavertje Vier 0/56.06, 5) Finn Boerekamp, NED – Non Fictie 0/56.53
Prix Administration des douanes et impôts indirects
CSIO4*-W – Barème A au chrono – 1,40 m
1) Farid Amanzar, MAR – Elvis Van Overis Z 0/54.87, 2) Massimo Grossato, ITA – Legend 0/56.44, 3) Nicolas Deseuzes, FRA – Galoway Sunheup 0/56.65, 4) Sanne Thijssen, NED – Lolandria Z 0/57.25, 5) Cyril Bouvard, FRA – Gangster d’Eifel 0/57.29